Une mer au Sahara
J’étais sur la piste (j’y suis toujours) de Charles de Foucauld, " l’ermite du Sahara " lorsque, en lisant une revue de géographie de 1883, je découvrais qu’un obscur officier creusois, Elie Roudaire, avait eu l’intention de noyer une partie du plus grand désert sous les flots de la Méditerranée.
Cette idée me parut folle, au plan technique comme au plan humain ; elle attentait au Sahara et à ses habitants, pour lesquels je professe le plus profond respect. Mais c’est en définitive la curiosité qui m’a poussé dans une enquête à laquelle j’ai sacrifié près de cinq années. J’ai mené celle-ci dans le seul désir de comprendre, quitte à remonter aux plus lointaines origines, comment le projet de mer intérieure africaine a pu surgir et mobiliser tant d’énergie dans les milieux scientifiques et politiques des années 1870, 1880. Au-delà, il m’importait de caractériser ce " progressisme " dans lequel j’ai été moi-même élevé.
A l’est de l’Algérie, au nord de la Tunisie, se déploie un chapelet de chotts – cuvettes salées le plus souvent à sec. Plusieurs se situent sous le niveau de la mer, dont un isthme d’une vingtaine de kilomètres de largeur les sépare. Roudaire voyait dans ces chotts les restes d’un immense bras de mer évaporé. Pour le restaurer, affirmait l’officier, il suffirait de percer le cordon littoral. Ainsi assurerait-on contre le désert, l’aridité et la stérilité de ces régions, une victoire décisive. Son projet, activement soutenu par Ferdinand de Lesseps, trahit, en même temps que l’ignorance du colonisateur face à une terre qu’il ne s’est pas encore approprié, l’espoir d’améliorer le monde. Il constitue, avec les multiples missions qu’il a suscitées, les rêves et les luttes qu’il a levés, une belle aventure. |
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