UNE

Valée du Toulourenc
(juin-juillet 2004 avec Danielle)


"Toulourenc! Toulourenc! que j'ignorais si proche,
Nul faux-bourdon dans les rimes de tes eaux,
Sinon le désir reconduit du Ventoux, t'évitant
les terres hargneuses
".
René Char

 

Il existe, derrière le Ventoux, qu'on voit s'élever nu, massif et solitaire, depuis la vallée du Rhône ou le Luberon, un pays peu connu et plus rude, mais infiniment plus attachant, dont l'entrée est marquée par l'image d'un éléphant, gravée dans la paroi d'une grotte - ce qui a poussé quelques érudits à penser que Hannibal et son armée avaient passé par là pour envahir Rome. Ce pays va du pas du Ventoux, aux " roches levées " de Barret de Lioure, soit la vallée du Toulourenc prolongée. Dans cet espace resserré, que traverse un vent coulis, s'est formée une seconde entité, historique et géographique, balisée par les villages de Saint Léger, Brantes et Savoillans. Enfin dans ce terroir s'élève l'énigmatique montagne de Geine. Depuis treize ans, je les explore et les dessine.

SAINT-LEGER


Dans les gorges du Toulourenc


La vallée du Toulourenc vue des ruines de Brantes

BRANTES


La Frache, sous Brantes


Le chêne bonsaï au-dessus de la porte de Brantes


L'église de Brantes


Clair de lune


La porte


Vers le Ventoux


Tristan dans une "calade"


Loïc dessinant l'église de Brantes

 


Terrasse de l'auberge de Brantes


Le Toulourenc sous Brantes

 

 

 


Différentes états du "pont romain" de Brantes

SAVOILLANS


Champ de lavande au mas Roux


Trois états du saule, dans le pré de Savoillans


La Parente

MONTBRUN


Montbrun-les-Bains

BARRET DE LIOURE


Le Ventoux depuis le Moulin de Barret de Lioure

GEINE

24 juin 2004 - 7H - Une ligne de peupliers jeunes accrochant l’aube marque l’emplacement de la source du Sénaris. L’acropole qui la domine au nord est le premier point du paysage à prendre le soleil. Dans son flanc, les pluies ont taillé un escalier profond. La pierre grise a une coloration lilas sous cette lumière inaugurale. J’y trouve : chênes, genévriers, lavande, buis, thym, tamaris, prunellier, chardon, genêt, … Jaune et rouge des buis, vert pâle des cades, bleu de la lavande, gris du thym. La terre de la plana à peine couverte est noire ou rouge.

 

25 juin 2004 - 16H - Exploration de la montagne de Geine par l'ouest, au départ de la ferme des Grands Simonds. Le chemin longe le Sénaris. Jusqu'à Comment, il est à peu près plan. Le fond de la vallée est occupé par de vastes champs fraîchement rasés. On entend le ruisseau fredonner entre les pierres en contrebas.

 

La pénétration par ce côté est des plus aisées. Encore fallait-il grimper jusqu'à la brèche naturelle qui donne l'accès à ce long couloir.

 

Comment, bâtie au sommet d'une petite butte, est retranché derrière ses murs. La toiture s'est effondrée. Le mas menace ruine. On y parvient en laissant le Roumégous (" le domaine des ronces ") à sa droite. Les abords du Roc du Raïs sont difficiles. Il faut éviter de se blesser aux ronces ou de déraper sur les éboulis.

 

 

 

 

 

Au pied du Roc, on retrouve l’affleurement du Malancon, mais ici l’érosion a suspendu son travail. Une falaise abrupte de plus de cent mètres de hauteur nous domine. Des chutes de pierres se produisent. L’endroit est dangereux.

 


En chemin, nous avons surpris un chamois. Il s’est réfugié sur le versant opposé au nôtre sans se presser, et de là, éloigné d’une cinquantaine de mètres, il nous a longuement observés en poussant d’étranges sifflements. Son arrière-train était barbouillé de boue. L’animal devait prendre un bain dans le fond du ravin.

Geine donne l’impression fausse de tout mettre à découvert. La montagne pelée cache ses secrets dans ses plis, ses rides, ses anfractuosités. Il faut regarder profondément, se tenir immobile et coi longtemps pour espérer les percer.

 

26 juin 2004 - 14H - Marche du Trou du Pertus au col de Geine pour découvrir le flanc occidental de la montagne. Le chemin s’élève continûment de 400 mètres. La Geine de ce côté paraît plus mélangée qu’à l’autre extrémité : rocs, serres, cônes de déjection, " toile à matelas " (strates calcaires séparées par des couches de marne grise), et une falaise isolée qui fait penser à la Roche Guérin, percé d’une résurgence.
À Aiguière coule en abondance une eau fraîche (font Freide), et délectable, semblable à celle de la font de Guibert. Une usine en construction dans la vallée se prépare à la mettre en bouteille. On dit qu’un tel projet menace l’eau de Geine. Encore faudrait-il que les communes concernées (Brantes et Savoillans), donnent leur agrément.
À cette terminaison occidentale douce que Comment garde s’oppose le chaos et les abrupts orientaux en amont. Pour autant, l’ouverture de ce côté est étroite. Les cols qui la jalonnent - Fontaube (635 m), Aiguière (738 m) et Geine (1009 m) étaient impraticables une grande partie de l’hiver. Par tous les temps, ils masquent la vue de la vallée du Sénaris.
L’énigme est la suivante : comment cet espace, assez bien protégé, riche en eaux vives, en pierre à bâtir, en terres arables, " lisse ", a pu rester à l’écart de tout peuplement conséquent ?
Au retour de cette course harassante, en remontant le Roumégous, j’ai surpris un grand cerf noir accompagné de sa bande.
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