CARNET
DE
CROQUIS
DU
SUD
MAROCAIN

NOTES
ET
PHOTOGRAPHIES
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|
suite
(Tinerhir)
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À
l’aéroport
de
Ouarzazate,
la
voiture
que
nous
avons
louée
nous
attend,
une
Fiat
Palio
qui
s’avérera
à
la
pratique
quasiment
tout
terrain.
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Palmeraie
de
Ouarzazate
|
Nous
avions
également
réservé
une
chambre
à
l’hôtel
Valée,
à
l’orée
de
la
palmeraie,
dans
les
bas
quartiers
de
la
ville.
Les
voyageurs
en
direction
du
Sud,
solitaires
ou
groupés,
y
affluent.
Le
parking
déborde
de
4x4.
|

Un
oranger
dans
le
jardin
de
l'hôtel
La
Vallée
|
Le
déjeuner
est
servi
sous
une
tente
caïdale
plantée
dans
le
jardin
de
l’hôtel.
Un
chanteur
marocain
accompagné
d’un
banjo
anime
la
soirée
de
sa
voix
plaintive.
Il
est
vêtu
de
blanc
de
la
tête
aux
pieds.
C’est
un
premier
contact
ouaté
avec
le
Maghreb.
Une
odeur
d’encens
flotte
dans
la
pénombre
de
la
tente.
Un
empilement
de
coussins
et
de
tapis
amortit
les
angles
et
les
bruits.
De
toute
façon,
les
clients
parlent
mezza-voce.
Le
tagine
fume
dans
la
lumière
vacillante
des
bougies.
|

Chanteur
sous
la
tente
caïdale
de
l'hôtel
|
Le
lendemain
matin,
de
bonne
heure,
nous
nous
enfilons
dans
la
vallée
du
Dadès.
Le
paysage
se
désertifie.
Le
djebel
se
dresse
nu
de
part
et
d’autre
de
la
large
vallée.
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|
À
Mgouna,
c’est
le
marché.
Nous
faisons
halte,
curieux
de
découvrir
les
produits
locaux
et
l’ambiance
populaire.
Hussein,
le
marchand
de
bijoux
touaregs,
nous
attire
à
lui
avec
une
tactique
bien
rodée.
À
quoi
bon
résister ?
Il
nous
offre
le
thé
et
au
passage,
réussit
à
nous
vendre
quelques
beaux
objets
d’argent
dont
il
négocie
le
prix
avec
humour.
Il
semble
aussi
désireux
de
faire
affaire
que
d’apprendre
des
nouvelles
de
la
France,
un
pays
qu’il
connaît
et,
dit-il,
qu’il
aime.
Il
est
le
premier
Marocain
rencontré
à
insister
sur
la
berbérité
du
pays
que
nous
pénétrons.
|

Hussein
au
souk
de
M'gouna
|
Comme
nous
lui
exprimons
notre
intention
d’explorer
les
fameuses
gorges
du
Dadès,
il
nous
présente
Hassan,
un
jeune
Berbère
des
montagnes
actuellement
au
chômage.
Nous
sympathisons
aussitôt,
et
nous
voici
sur
les
pistes,
remontant
l’oued
Mgoun,
qui
est
en
eau
depuis
les
dernières
pluies.
Au
reste,
le
ciel
menace.
Qu’il
pleuve
et
le
niveau
de
la
rivière
montera
au
point
de
couper
les
guets.
Nous
nous
retrouverons
alors
prisonniers
de
ce
no
man’s
land
pierreux.
Hassan
chasse
son
inquiétude.
|

Hassan
qui
nous
guide
dans
la
vallée
du
Dadès
|

|
Le
soleil
réapparaît
timidement.
Mais
nous
roulons
hors
de
tout
chemin
et
le
passage
est
parfois
problématique.
Devant
mon
embarras,
Hassan
prend
le
volant.
|
Ces
tours
et
détours,
ces
risques
valent
la
peine.
Le
paysage
est
saisissant.
Nous
prenons
de
l’altitude :
il
fait
maintenant
franchement
froid.
De
rares
villages
perchés
au
flanc
des
pitons
dénudés
sont
le
refuge
des
cigognes.
Tout
en
bas,
la
vallée
de
plus
en
plus
encaissée
de
l’oued
ondule
comme
un
serpent
vert.
|

l'Oued
M'goun
après
la
pluie
|
Hassan
nous
propose
de
passer
la
nuit
chez
sa
tante,
à
Aït
Ali.
Nous
sommes
installés
dans
la
chambre
des
hôtes.
|

Aït
Ali,
dans
la
vallée
du
Dadès
|
Des
gens
de
la
famille,
des
voisins,
qui
ne
parlent
pas
le
français,
viennent
nous
saluer
et
échanger
des
nouvelles
avec
notre
guide.
Nous
mangeons
dans
cette
vaste
pièce
vide
puis
nous
y
dormons,
allongés
sur
le
sol
de
ciment
dont
des
tapis
nous
épargnent
la
rudesse.
|

Harkia,
la
mère
de
Saïda
et
Saïda |

|
Le
village
au
matin
retentit
de
cocoricos,
de
bêlements,
de
braiments,
de
cris
et
de
rires
d’enfants.
Nombreuse,
dépenaillée,
la
marmaille
nous
réclame
des
pièces
ou
à
défaut,
des
stylos.
Quand
je
dessine,
ils
s’attroupent
pour
observer
mon
travail
et
me
complimenter.
Les
adultes
eux,
demandent
des
médicaments.
Il
nous
arrive
de
soigner
une
petite
fille
piquée
à
l’épaule
par
un
scorpion.
L’animal
s’était
logé
dans
son
chemisier ;
elle
l’avait
enfilé
machinalement.
Dans
ce
village
de
montagne,
une
grande
misère
règne.
|
Nous
rejoignons
l’asphalte.
Nous
sommes
sur
la
route
qui
longe
les
gorges
du
Dadès.
À
ce
point
du
matin,
elle
n’est
pas
encore
très
fréquentée.
Il
fait
beau,
une
belle
lumière
découpe
avec
précision
l’horizon
proche
et
lointain.
Les
ombres
sont
franchement
violettes
et
tranchent
avec
l’ocre
des
parties
éblouies.
La
nature
à
elle
seule
suffit
à
nous
émerveiller.
|

Gorges
du
Dadès |
|
Nous
laissons
Hassan
à
Boulmane
Dadès.
Il
aurait
aimé
occuper
son
temps
autrement
qu’à
nous
guider ;
la
misère
de
son
pays
l’attriste.
Il
voudrait
vivre
avec
des
moyens
stables,
qui
ne
soient
pas
des
miettes
ou
des
aumônes.
Malgré
sa
réserve,
il
a
été
un
excellent
passeur.
Il
nous
a
introduit
dans
un
monde
qui,
ayant
résisté
à
l’influence
arabe
et
française,
porte
une
culture
originale
et
puissante.
|
|
Alors
que
je
fais
le
plein
à
la
sortie
de
Boulmane,
un
garçon
en
guenilles,
surgi
d’on
ne
sait
où,
m’apostrophe
pour
me
signaler
que
mes
pneus
menacent
la
crevaison.
Il
me
propose
avec
insistance
ses
services.
Son
prix ?
-" ce
que
tu
veux. ".
En
un
tournemain,
il
localise
les
accrocs
invisibles
à
un
œil
profane
et
les
répare
avec
le
matériel
de
son
inséparable
gibecière.
Quel
talent !
|
TINERHIR
(suite) |