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MAROC DESERTIQUE
(mai 2002 avec Danielle)

I - OUARZAZATE - DADES

 

CARNET DE CROQUIS DU SUD MAROCAIN

OUVRIR

NOTES ET PHOTOGRAPHIES

 

suite (Tinerhir)

 

À l’aéroport de Ouarzazate, la voiture que nous avons louée nous attend, une Fiat Palio qui s’avérera à la pratique quasiment tout terrain. 


Palmeraie de Ouarzazate

 

 

Nous avions également réservé une chambre à l’hôtel Valée, à l’orée de la palmeraie, dans les bas quartiers de la ville. Les voyageurs en direction du Sud, solitaires ou groupés, y affluent. Le parking déborde de 4x4.


Un oranger dans le jardin de l'hôtel La Vallée

 

Le déjeuner est servi sous une tente caïdale plantée dans le jardin de l’hôtel. Un chanteur marocain accompagné d’un banjo anime la soirée de sa voix plaintive. Il est vêtu de blanc de la tête aux pieds. C’est un premier contact ouaté avec le Maghreb. Une odeur d’encens flotte dans la pénombre de la tente. Un empilement de coussins et de tapis amortit les angles et les bruits. De toute façon, les clients parlent mezza-voce. Le tagine fume dans la lumière vacillante des bougies.


Chanteur sous la tente caïdale de l'hôtel

 

Le lendemain matin, de bonne heure, nous nous enfilons dans la vallée du Dadès. Le paysage se désertifie. Le djebel se dresse nu de part et d’autre de la large vallée.


 

À Mgouna, c’est le marché. Nous faisons halte, curieux de découvrir les produits locaux et l’ambiance populaire. Hussein, le marchand de bijoux touaregs, nous attire à lui avec une tactique bien rodée. À quoi bon résister ? Il nous offre le thé et au passage, réussit à nous vendre quelques beaux objets d’argent dont il négocie le prix avec humour. Il semble aussi désireux de faire affaire que d’apprendre des nouvelles de la France, un pays qu’il connaît et, dit-il, qu’il aime. Il est le premier Marocain rencontré à insister sur la berbérité du pays que nous pénétrons.


Hussein au souk de M'gouna

 

Comme nous lui exprimons notre intention d’explorer les fameuses gorges du Dadès, il nous présente Hassan, un jeune Berbère des montagnes actuellement au chômage. Nous sympathisons aussitôt, et nous voici sur les pistes, remontant l’oued Mgoun, qui est en eau depuis les dernières pluies. Au reste, le ciel menace. Qu’il pleuve et le niveau de la rivière montera au point de couper les guets. Nous nous retrouverons alors prisonniers de ce no man’s land pierreux. Hassan chasse son inquiétude. 


Hassan qui nous guide dans la vallée du Dadès

 

Le soleil réapparaît timidement. Mais nous roulons hors de tout chemin et le passage est parfois problématique. Devant mon embarras, Hassan prend le volant.

Ces tours et détours, ces risques valent la peine. Le paysage est saisissant. Nous prenons de l’altitude : il fait maintenant franchement froid. De rares villages perchés au flanc des pitons dénudés sont le refuge des cigognes. Tout en bas, la vallée de plus en plus encaissée de l’oued ondule comme un serpent vert.


l'Oued M'goun après la pluie

 

Hassan nous propose de passer la nuit chez sa tante, à Aït Ali. Nous sommes installés dans la chambre des hôtes. 


Aït Ali, dans la vallée du Dadès

 

Des gens de la famille, des voisins, qui ne parlent pas le français, viennent nous saluer et échanger des nouvelles avec notre guide. Nous mangeons dans cette vaste pièce vide puis nous y dormons, allongés sur le sol de ciment dont des tapis nous épargnent la rudesse.


Harkia, la mère de Saïda et Saïda

Le village au matin retentit de cocoricos, de bêlements, de braiments, de cris et de rires d’enfants. Nombreuse, dépenaillée, la marmaille nous réclame des pièces ou à défaut, des stylos. Quand je dessine, ils s’attroupent pour observer mon travail et me complimenter. Les adultes eux, demandent des médicaments. Il nous arrive de soigner une petite fille piquée à l’épaule par un scorpion. L’animal s’était logé dans son chemisier ; elle l’avait enfilé machinalement.

Dans ce village de montagne, une grande misère règne.

 

Nous rejoignons l’asphalte. Nous sommes sur la route qui longe les gorges du Dadès. À ce point du matin, elle n’est pas encore très fréquentée. Il fait beau, une belle lumière découpe avec précision l’horizon proche et lointain. Les ombres sont franchement violettes et tranchent avec l’ocre des parties éblouies. La nature à elle seule suffit à nous émerveiller.


Gorges du Dadès

 

Nous laissons Hassan à Boulmane Dadès. Il aurait aimé occuper son temps autrement qu’à nous guider ; la misère de son pays l’attriste. Il voudrait vivre avec des moyens stables, qui ne soient pas des miettes ou des aumônes. Malgré sa réserve, il a été un excellent passeur. Il nous a introduit dans un monde qui, ayant résisté à l’influence arabe et française, porte une culture originale et puissante.

 

 

 

Alors que je fais le plein à la sortie de Boulmane, un garçon en guenilles, surgi d’on ne sait où, m’apostrophe pour me signaler que mes pneus menacent la crevaison. Il me propose avec insistance ses services. Son prix ? -" ce que tu veux. ". En un tournemain, il localise les accrocs invisibles à un œil profane et les répare avec le matériel de son inséparable gibecière. Quel talent !

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