UNE

Vendredi 19, samedi, 20 mars 2004

fin

La Ghriba, Gellala, el Kantara

 

Encore nombreux dans les années 1950, les Juifs de Djerba ne sont plus qu'un demi-millier partagés en deux quartiers avec leur synagogue. La plus fameuse est la Ghriba, que notre ami traduit par "le mystère". Il a une curieuse relation avec les Juifs. Chaque fois qu'il en parle, il baisse le ton.

La Ghriba, un des lieux de culte israélite les plus anciens, est le but d'un pèlerinage annuel en mai. Le commerce de l'île en profite abondamment. Mais depuis l'attentat meurtrier de 2002, malgré une surveillance accrue, il n'y a plus foule.

On se demande comme un lieu empreint de tant de quiétude et de sacré, a pu inspirer une telle violence. En ce milieu d'après-midi, il n'y a pas plus d'une dizaine de touristes gardés par le double de policiers.

Sur la route, nous visitons une huilerie. Les olives entrent par un bout de la machine (italienne) et l'huile sort par l'autre. Il existe des moulins à l'ancienne à Houmt Souk. Le moult s'entasse dehors, entre des murets fraîchement chaulés. L'huile d'olives, avec les produits du tissage, a fait la réputation passée de Djerba. Elle est à la base de l'alimentation et de la pharmacopée populaire. 

Pour atteindre Gellala, nous passons par le centre de l'île, el May, dont notre cicerone nous dit qu'un habitant sur deux se trouve en ce moment en France. Par petits groupes, les villageois se rendent en visite, chez leurs amis ou leurs parents. Ils ont revêtu leurs plus beaux atours. Les femmes portent des tuniques vivement colorées, ou le voile djerbien, blanc liseré d'orange. Certaines coiffent par-dessus le voile un canotier de paille, signe qu'elles sont mariées ou, sans cordon, divorcées.

Nous gravissons "la montagne" de Djerba. Elle culmine à 52 mètres au-dessus de la mer qu'on aperçoit, étincelante. Dans cette terre, les potiers creusent de profondes galeries pour extraire leur argile.

Au sommet de la montagne, dans une ancienne zaouia, se trouve le musée des arts et traditions populaires tunisiennes. Très agréable et bien conçu, il attire un public autochtone nombreux.

 

De el-Kantara sur le continent à el-Kantara sur l'île file toute droite une route que les Romains avaient les premiers aménagée. La Libye, frappée d'embargo aérien, a utilisé l'aéroport de Djerba pour ses besoins. Elle a refait les routes, élargit les chaussées et injecté l'argent de son pétrole dans l'économie locale. Une importante contrebande relie les deux pays. L'essence libyenne par exemple, se vend deux fois moins cher au marché noir. Les libyens, dont le niveau de vie est plus élevé que celui de leur voisin, viennent en vacances sur l'île. On leur reproche leur mentalité d'enfants gâtés.

Nous passons la matinée du samedi sur la croupe de chevaux qui nous transportent lentement jusqu'à la lagune, à travers champs et palmeraies. J'ai le temps de brosser une aquarelle en me protégeant tant bien que mal de la brise.

Dernière heures à l'hôtel.

 


Le môle d'Aghir, le lendemain matin

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