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Vendredi, 19 mars 2004

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(Gellala)

L'intérieur de l'île

 

Le vendredi, jour de repos, a lieu à Midoun le marché paysan. Les hommes vendent, les femmes achètent, patates (géantes), tomates, carottes presque rouges, fèves, oignons, oranges et citrons, dates. Un vendeur d'aromates reluque les stylos qui dépassent de mon gilet. Il voudrait engager une discussion mais nous laisse entendre qu'il n'est pas libre de s'exprimer.

Notre ami, qui a emprunté un véhicule à un ami, nous emmène visiter l'intérieur de l'île. Notre première halte est pour admirer la mosquée Fadhloun, sur la route d'Houmt Souk. Cette construction, datée de 1279, est habilement restaurée pour être offerte à la curiosité des touristes. Fortifié comme ses pareils, le minaret-phare se dresse sans mal au-dessus des champs plats.

Sous ce ciel bleu silencieux, entourée d'oliviers séculaires qui plongent leurs tortueuses racines dans la terre rouge, la mosquée a un charme divin.

Un trou, pratiqué au sommet du dôme qui abrite le four à pain, laisse filtrer un rayon de soleil qui coupe en bleu la pénombre.

Le Berbère coiffé d'une casquette de cuir noir qui a guidé notre visite nous entraîne dans un lieu qu'il dit être le seul à connaître. Nous prenons la piste, longeons les champs plantés d'oliviers, de grenadiers, d'amandiers, de figuiers, d'orangers et de palmiers. Dans cette partie de l'île, l'eau abonde. Elle vient du sous-sol ou des nuages, dont des impluviums, vastes aires rondes entourées d'arbres, recueillent les précieuses larmes.

Le site que nous atteignons après bien des détours est un château en ruines, le ksar Amida Ben Ayed, près du village el Ozayed. Difficile de le dater. On pense à un édifice turc du XVIIème siècle. L'intérieur est d'une beauté prodigieuse. C'est paraît-il un des seuls bâtiments insulaires à dépasser les deux étages. Les murs des combles sont composés de cruches liées entre elles par un torchis. Ce procédé assure une régulation thermique et soulage la construction. Plafonds peints, arabesques, stuc, ciselures, voûtes, ... des terrasses aux caves, en suivant le villageois lui-même admiratif,  nous allons de merveille en merveille.

Plus loin, nous visitons un menzel abandonné. Clôturant une cour de terre battue, des constructions alvéolaires se regroupent en carré. Elles abritent les membres d'une famille élargie. On trouve à proximité le puits, la kouba où le marabout de la tribu est honoré, l'aire de battage. Les haies de l'enceinte rassemblent figuiers de Barbarie aux fruits violets et agaves.

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Vendredi 19, samedi 20 mars - (suite)