Désolée Je sais que les mails groupes ne sont pas agréables mais en fait je suis un peu dans le trou du cul du monde en ce moment alors j'ai pas vraiment le choix. Je suis dans la bibliothèque de Cygnet( faut croire que l'ambiance studieuse me manquait), internet est gratuit là-bas. Petite information je viens de demander à la bibliothécaire : il y a 2000 habitants à Cygnet. Mais bon ! faut savoir qu'il y a deux bars et un petit supermarché ridicule, une poste et c'est tout. A mon avis elle se goure : c'est deux cents et pas deux milles. Et encore, c'est la ville la plus proche de là où on est et c'est à 20 mins en voiture. Juste pour vous donner une idée.
Mais je n'ai qu'une demi-heure alors je me suis dit, vaux mieux un grand mail pour tout le monde que plein de mails de rien du tout!
Donc je vais vous raconter un peu ma journée : je me suis levée à 5 h30 du mat pour ramasser des fraises sans pause pendant 4 heures courbée sans s'arrêter, puis en camion on nous a amenées a un deuxième champs pendant encore deux heures. Tout ça pour remplir 9 paniers c'est à dire 35 dollars australiens avec la taxe donc à peu près 25 euros! pas la peine de vous dire qu'à ce rythme la croisière dans la barrière de corail, c'est pas pour tout de suite!

Non sérieusement, je n'ai jamais travaillé aussi dur de ma vie! Ca change de la bibliothèque ! En fait j'ai un peu l'impression d'être une ouvrière clandestine. Mais bizarrement, j'aime ca , je dois être un peu maso!

L'ambiance est vraiment sympa, on est tous dans la même m...e alors on se sert les coudes. Il y a des jeunes d'un peu partout alors je parle tout le temps anglais. En fait c'est un peu l'auberge espagnole sauf qu'au lieu de faire la fête tous les soirs et de rien glander, on travaille comme des bêtes de somme. Enfin on a quand même la force de discuter le soir au coin du feu ou de se faire quelques parties de baby-foot( d'ailleurs hier j'ai latté tout le monde, ça doit être les souvenirs de Fridefont!).

La Tasmanie est vraiment magnifique, c'est un plaisir de se réveiller le matin et de voir ses paysages vallonnés caressés pas les nuages. Le climat est tempéré alors c'est très vert. On a fait une grande promenade avec les filles le premier jour( on ne travaillait pas encore) et on a vu un wombat(bon d'accord il était mort dans le fossé mais quand même) et un petit serpent.
Bref j'ai vraiment la pêche ici. Vous aurez sûrement du mal à le croire mais je dors 5 heures et je suis même pas fatiguée ! Enfin si là quand même je suis un peu crevée, je comprends vraiment maintenant l'expression : avoir le dos en compote (de fraise ha ! ha1).

Comme vous pouvez le constater, mon sens de l'humour, lui ,ne s'améliore pas!
Voilà sinon j'attends avec espoir de passer aux pommes parce que ça gagne un peu plus : 60 centimes d'euro l'arbre et puis en plus, on est en hauteur sur l'échelle, alors ca fait moins mal au dos.

Avec Tsipy on aimerait se faire un petit road-trip ensuite en Tasmanie : il parait que c'est vraiment magnifique, beaucoup de gens nous disent que c'est ce qu'il y a de plus beau en Australie. Alors, on fait un petit repérage pour trouver de gentilles âmes qui ont leur permis (de conduire), ça devrait se trouver sans problème. Voilà et puis on reviendra peut-être pour les cerises parce que là c'est carrément le top du fruit-picking!

Bref, j'espère qu'avec ce mail, vous visualisez un peu mieux ma vie en ce moment même si ce n'est pas facile de rendre ça en mots. En tout cas mes chers parents et les autres ne vous inquiétez pas pour moi. Je sais que c'est difficile de me savoir paumée en plein inconnu mais je vais vraiment très bien. La vie en plein air et en communauté je crois que c'est définitivement ce qui me convient.

Voilà pour les premières impressions, il est possible tout de même qu'après une semaine dans le ramassage de fraises, j'en ai plein le dos(ha! ha!) et que je sois un peu moins enthousiaste mais pour l'instant, c'est vraiment une expérience fantastique.
J'espère pouvoir vous redonner de mes nouvelles bientôt et surtout en avoir de vous. Je pense à vous très souvent et surtout je me demande ce que vous penseriez de cet endroit et surtout de ce boulot. Je ramasse les fraises et puis je me trouve des motivations pour aller plus vite (d'ailleurs merci Lilith : ton discman il m'est très utile). Enfin je pense que cette expérience me fera relativiser quand j'aurai la flemme de me lever pour aller en cours. Et surtout ce qui m'obsède en ce moment quand je mange, c'est de penser à la somme de travail qu'il a fallu pour que ça arrive dans mon assiette et puis des fois je me dis que, qui sait peut-être qu'un jour vous croquerez une fraise que j'ai délicatement cueilli en pensant à vous.