" le
terrible
manifeste",
le
" décalogue
de
la
sainte
humanité",
du
" sans-culotisme ",
de
" l’imprescriptible
équité ",
le " véritable
code
de
la
nature " :
" nous
expliquerons
clairement
ce
que
c’est
que
le
bonheur
commun,
but
de
la
société
nous
démontrerons
que
le
sort
de
tout
homme
n’a
pas
dû
empirer
au
passage
de
l’état
naturel
à
l’état
social
nous
définirons
la
propriété
nous
prouverons
que
le
terroir
n’est
à
personne,
mais
qu’il
est
à
tous
nous
prouverons
que
tout
ce
qu’un
individu
en
accapare
au-delà
de
ce
qui
peut
le
nourrir,
est
un
vol
social
nous
prouverons
que
le
prétendu
droit
d’aliénabilité
est
un
infâme
attentat
populicide
nous
prouverons
que
l’hérédité
par
familles
est
une
non
moins
grande
horreur ;
qu’elle
isole
tous
les
membres
de
l’association,
et
fait
de
chaque
ménage
une
petite
République,
qui
ne
peut
que
conspirer
contre
la
grande,
et
consacrer
l’inégalité
nous
prouverons
que,
ce
qu’un
membre
du
corps
social
a
au-dessous
de
la
suffisance
de
ses
besoins
de
toute
espèce
et
de
tous
les
jours,
est
le
résultat
d’une
spoliation
de
sa
propriété
naturelle
individuelle,
faite
par
les
accapareurs
des
biens
communs
que,
par
la
même
conséquence ;
tout
ce
qu’un
membre
du
corps
social
a
au-dessus
de
la
suffisance
[...]
est
le
résultat
d’un
vol
fait
aux
autres
co-associés,
qui
en
prive
nécessairement
un
nombre
plus
ou
moins
grand,
de
sa
cote-part
dans
les
biens
communs
que
tous
les
raisonnemens
les
plus
subtils
ne
peuvent
prévaloir
contre
ces
inaltérables
vérités
que
la
supériorité
de
talens
et
d’industrie
n’est
qu’une
chimère
et
un
leure
spécieux,
qui
a
toujours
induement
servi
aux
complots
des
conspirateurs
conte
l’égalité
que
la
différence
de
valeur
et
de
mérite
dans
le
produit
du
travail
des
hommes,
ne
repose
que
sur
l’opinion
que
certains
d’entr’eux
y
ont
attachée,
et
qu’ils
ont
sur
faire
prévaloire
que
c’est
sans
doute
à
tort
que
cette
opinion
a
apprécié
la
journée
de
celui
qui
fait
une
montre,
vingt
fois
plus
que
la
journée
de
celui
qui
trace
des
sillons
que
c’est
cependant
à
l’aide
de
cette
fausse
estimation,
que
le
gain
de
l’ouvrier
horloger
l’a
mis
à
portée
d’acquérir
le
patrimoine
de
vingt
ouvriers
de
charrue,
qu’il
a,
par
ce
moyen,
expropriés
que
tous
les
prolétaires
ne
le
sont
devenus
que
par
le
résultat
de
la
même
combinaison
dans
tous
autres
rapports
de
proportion,
mais
partant
tous
de
l’unique
base
de
la
différence
de
valeur
établie
entre
les
choses
par
la
seule
autorité
de
l’opinion
qu’il
y
a
absurdité
et
injustice
dans
la
prétention
d’une
plus
grande
récompense
pour
celui
ont
la
tâche
exige
un
plus
haut
degré
d’intelligence,
et
plus
d’application
et
de
tension
d’esprit ;
que
cela
n’étend
nullement
la
capacité
de
son
estomac
qu’une
raison
ne
peut
faire
prétendre
une
récompense
excédant
la
suffisance
des
besoins
individuels
que
ce
n’est
non
plus
qu’une
chose
d’opinion
que
la
valeur
de
l’intelligence,
et
qu’il
est
peut-être
encore
à
examiner
si
la
valeur
de
la
force
toute
naturelle
et
physique,
ne
la
vaut
point
que
ce
sont
les
intelligens
qui
ont
donné
un
si
haut
prix
aux
conceptions
de
leurs
cerveaux,
et
que,
si
c’eût
été
les
forts
qui
eussent
concurrement
réglé
les
choses,
ils
auroient
sans
doute
établi
que
le
mérite
des
bras
valoit
celui
de
la
tête,
et
que
la
fatigue
de
tout
le
corps
pouvoit
être
mise
en
compensation
avec
celle
de
la
seule
partie
ruminante.
Que,
sans
cette
égalisation
posée,
on
donne
aux
plus
intelligens,
aux
plus
industrieux,
un
brevet
d’accaparement,
un
titre
pour
dépouiller
impunément
ceux
qui
le
sont
moins
Que
c’est
ainsi
que
s’est
détruit,
renversé
dans
l’état
social,
l’équilibre
de
l’aisance,
puisque
rien
n’est
mieux
prouvé
que
notre
grande
maxime :
qu’on
ne
parvient
à
avoir
trop
qu’en
faisant
que
d’autres
aient
point
assez.
Que
toutes
nos
institutions
civiles,
nos
transactions
réciproques,
ne
sont
que
les
actes
d’un
perpétuel
brigandage,
autorisé
par
d’absurdes
et
de
barbares
lois,
à
l’ombre
desquelles
nous
ne
sommes
occupés
qu’à
nous
entre-dépouiller
Que
notre
société
de
fripons
entraîne,
à
la
suite
de
ses
atroces
conventions
primordiales,
toutes
les
espèces
de
vices,
de
crimes
et
de
malheurs
contre
lesquels
quelques
hommes
de
bien
se
liguent
en
vain
pour
leur
faire
la
guerre,
qu’ils
ne
peuvent
rendre
triomphante
parce
qu’ils
n’attaquent
point
le
mal
dans
sa
racine,
et
qu’ils
n’appliquent
que
des
palliatifs
puisés
dans
le
réservoir
des
idées
fausses
de
notre
dépravation
organique
[...]
Que
ce
n’est
que
notre
seule
espèce
qui
a
introduit
cette
folie
meurtrière
de
distinctions
de
mérite
et
de
valeur,
et
qu’ausssi
ce
n’est
qu’elle
qui
connoît
le
malheur
et
les
privations
Qu’il
ne
doit
point
exister
de
privation
des
choses
que
la
nature
donne
à
tous,
produit
par
tous,
si
ce
n’est
celles
qui
sont
le
suite
des
accidens
inévitables
de
la
nature,
et
que
dans
ce
cas,
ces
privations
doivent
être
supportées
et
partagées
également
par
tous
Que
les
productions
de
l’industrie
et
du
génie
deviennent
aussi
la
propriété
de
tous,
le
domaine
de
l’association
entière,
du
moment
même
que
les
inventeurs
et
les
travailleurs
les
ont
fait
éclore ;
parce
qu’elles
ne
sont
qu’une
compensation
des
précédentes
inventions
du
génie
et
de
l’industrie,
dont
ces
inventeurs
et
ces
travailleurs
nouveaux
ont
profité
dans
la
vie
sociale,
et
qui
les
ont
aidés
dans
leurs
découvertes
Que,
puisque
les
connoissances
acquises
sont
le
domaine
de
tous,
elles
doivent
donc
être
également
réparties
entre
tous
Qu’une
vérité
contestée
mal-à-propos
par
la
mauvaise
foi,
le
préjugé
ou
l’irréflexion,
c’est
que
cette
répartition
égale
des
connoissances
entre
tous,
rendroit
tous
les
hommes
à
peu
près
égaux
en
capacité
et
même
en
talens
Que
l’éducation
est
une
monstruosité,
lorsqu’elle
est
inégale,
lorsqu’elle
est
le
patrimoine
exclusif
d’une
portion
de
l’association ;
puisqu’alors
elle
devient,
dans
les
mains
de
cette
portion,
un
amas
de
machines,
une
provision
d’armes
de
toutes
sortes,
à
l’aide
desquelles
cette
première
portion
combat
contre
l’autre
qui
est
désarmée,
parvient
facilement,
en
conséquence,
à
la
juguler,
à
la
tromper,
à
la
dépouiller,
à
l’asservir
sous
les
plus
honteuses
chaînes
[...]
(citant
un
" philosophe ")
vous
n’aurez
rien
fait,
tant
que
vous
n’aurez
pas
détruit
les
germes
de
la
cupidité
et
de
l’ambition
qu’il
faut
donc
que
les
institutions
sociales
mènent
à
ce
point,
qu’elles
ôtent
à
tout
individu
l’espoir
de
devenir
jamais
ni
plus
riche,
ni
plus
puissant,
ni
plus
distingué
par
ses
lumières,
qu’aucun
de
ses
égaux
qu’il
faut,
pour
préciser
davantage
ceci,
parvenir
à
enchaîner
le
sort ;
à
rendre
celui
de
chaque
co-associé
indépendant
des
chances
et
des
circonstances
heureuses
et
malheureuses ;
à
assurer
à
chacun
et
à
sa
postérité,
telle
nombreuse
qu’elle
soit,
la
suffisance, mais
rien
que
la
suffisance ;
et
à
fermer,
à
tous,
toutes
les
voies
possibles,
pour
obtenir
jamais
au-delà
de
la
cote-part
individuelle
dans
les
produits
de
la
nature
et
du
travail
que
le
seul
moyen
d’arriver
là,
est
d’établir
l’administration
commune ;
de
supprimer
la
propriété
particulière ;
d’attacher
chaque
homme
au
talent
[sic],
à
l’industrie
qu’il
connoît ;
de
l’obliger
à
en
déposer
le
fruit
en
nature
au
magasin
commun ;
et
d’établir
une
simple
administration,
de
distribution,
une
administration
des
subsistances,
qui,
tenant
registre
de
tous
les
individus
et
de
toutes
les
choses,
fera
répartir
ces
dernières
dans
la
plus
scrupuleuse
égalité,
et
les
fera
déposer
dans
le
domicile
de
chaque
citoyen
que
ce
gouvernement
[...]
est
le
seul
dont
il
peut
résulter
le
bonheur
universel
[...]
que
ce
gouvernement
fera
disparoître
les
bornes,
les
haies,
les
murs,
les
serrures
aux
portes,
les
disputes,
les
procès,
les
vols,
les
assassinats,
tous
les
crimes ;
les
tribunaux,
les
prisons,
les
gibets,
les
peines,
le
désespoir
que
causent
toutes
ces
calamités,
l’envie,
la
jalousie,
l’insatiabilité,
l’orgueil,
la
tromperie,
la
duplicité,
enfin
tous
les
vices ;
plus
(et
ce
point
est
sans
doute
l’essentiel,)
le
ver
rongeur
de
l’inquiétude
générale,
particulière,
perpétuelle
de
chacun
de
nous,
sur
notre
sort
du
lendemain,
du
mois,
de
l’année
suivante,
de
notre
vieillesse,
de
nos
enfans
et
de
leurs
enfans. "