Des
mythes
et
des
erreurs
qui
ont
trait
à
l’Afrique
septentrionale
(journal
l’Akhbar
1839)
Après
avoir
étudié
les
légendes
sahariennes
anciennes
(Antée,
le
jardin
des
Hespérides,
les
Gorgones,
Méduse),
et
cherché
à
en
expliquer
les
origines,
le
médecin
algérien,
ami
des
saint-simoniens,
conclue :
" Depuis
bien
des
siècles,
un
malheureux
destin
condamne
les
hommes
qui
s’occupent
des
choses
africaines
à
faire
constamment
fausse
route.
Nous
en
sommes
depuis
seize
ans
une
preuve
palpable.
En
politique,
en
colonisation,
en
administration,
en
organisation
sociale,
que
de
fautes
nous
avons
commises
!
Nous
avons
altéré
la
véritable
dénomination
des
choses,
et
souvent
nous
avons
marché
à
l’inverse
du
sens
commun.
Ainsi
nous
avons
appelé
humanité
une
sensiblerie
larmoyante,
qui
nous
a
empêchés
de
trancher
le
mal
dans
ses
racines,
quand
il
s’est
agi
de
l’insurrection
répétée
des
tribus.
Nous
avons
crié
à
l’inhumanité
quand
les
nécessités
de
la
guerre
forçaient
nos
soldats
à
détruire
l’ennemi
ou
à
être
détruits
par
lui.
Nous
n’avons
pas
voulu
reconnaître
que
de
toute
éternité,
le
châtiment
est
le
premier
gouverneur
de
l’Afrique
;
que,
sans
lui,
sans
son
influence
protectrice,
tout
est
désordre.*
Nous
nous
sommes
posés
comme
les
représentants
de
la
civilisation,
et
cependant
nous
n’avons
pas
compris
que
la
civilisation
en
Afrique
exige
impérieusement
le
droit
de
force.[…]
En
faits
matériels,
nos
erreurs
n’ont
pas
été
moins
grandes.
Les
uns
ont
représenté
l’Afrique
comme
une
terre
brûlée
par
le
soleil,
sans
eaux,
sans
végétation,
sans
bois,
projetant
ses
sables
jusque
sur
le
littoral
méditerranéen
;
les
autres
l’ont
représentée
comme
le
plus
beau
climat
qui
soit
sous
le
ciel. "
Bodichon
en
appelle
à
une
analyse
scientifique
qui
puisse
restituer
à
l’Afrique
sa
" physionomie
à
part ".
Fort
de
quoi,
il
préconise
d’importer
au
Sahara
des
Noirs
et
de
les
opposer
aux
Arabes
(qui
seront
toujours
des
ennemis)
pour
affaiblir
ces
derniers
et
faire
de
l’utile
besogne
–
application
pratique
d’une
théorie
raciale
qui
donne
tous
les
droits
à
l’Européen
blanc
et
civilisateur.
In
BODICHON
–
étude
sur
l’Algérie
et
l’Afrique
–
Alger
1847
(recueil
d’articles
de
l’auteur
parus
entre
1839
et
1844
dans
la
presse
algérienne)
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